La situation sanitaire se dégrade fortement au Cambodge. Et ce, depuis la découverte le 20 février dernier d’un cluster au cœur même de la capitale Phnom Penh : le nombre de cas positifs à la Covid-19 augmente quotidiennement, l’ensemble du territoire est désormais touché par cette nouvelle vague et les autorités décrivent la situation comme « la plus grande transmission communautaire depuis le début de la pandémie ».
Un contexte tendu confirmé par les statistiques : depuis l’apparition du nouveau foyer, en moins d’un mois à peine, le nombre total de cas positifs a presque triplé, passant de 516 à 1 430 cas. Pour ne rien arranger, le tout premier décès lié à la Covid-19 au Cambodge a été déclaré le 11 mars.
Pour Visal DOEU, infirmier réquisitionné par le ministère de la Santé pour lutter en première ligne contre la Covid et membre de l’équipe de Taramana, le phénomène de transmission communautaire est « le pire scénario qui aurait pu arriver ». « Je suis inquiet pour ma famille et ma santé, poursuit-il, parce que les cas augmentent tous les jours, la population commence à se lasser, à faire moins attention et à ne plus avoir peur du virus. »
Urgence et précautions
Quant aux autorités du pays, elles ne se relâchent pas. Au contraire. Dès la découverte du cluster du 20 février, les mesures de restriction ont été durcies. La fermeture des écoles et des universités dans les provinces de Phnom Penh, Kandal et Sihanoukville, des salles de cinéma et de sports, des théâtres et musées à Phnom Penh et dans la province de Kandal ont été annoncées. Un système de QR code a également été mis en place dans les établissements recevant du public.
Et ça ne s’arrange pas. Dans un message audio “spécial” diffusé dans “l’urgence” le lundi 8 mars, le Premier ministre, Hun Sen, a annoncé l’interdiction de tous les rassemblements y compris dans les entreprises. Le télétravail était désormais la norme pour une période minimale de sept jours. « La situation actuelle requiert encore plus de vigilance qu’auparavant et ce qui n’est pas nécessaire doit être suspendu et repoussé. C’est une situation urgente et des précautions doivent être prises pour stopper la propagation du virus », assure le chef du gouvernement cambodgien. Le port du masque est également devenu obligatoire depuis le 12 mars sous peine d’amende, alors qu’il était jusque-là seulement recommandé.
Taramana au ralenti
Cette reprise de l’épidémie a même atteint le bidonville de Boeng Salang, là où Taramana intervient auprès des familles défavorisées, où une femme a été déclarée positive. Une situation qui affecte évidemment l’organisation de Taramana. Le Centre Taramana Magdalena n’accueille plus aucun groupe d’enfants, les activités extrascolaires comme le rugby et la danse ont été suspendues et les membres du staff sont principalement en télétravail.
Taramana ralentit mais, heureusement, ses activités de solidarité ne rompent pas. Les distributions de riz continuent et sont même les rares moments où les enfants sont autorisés à venir au Centre. Une distribution d’une boîte de 50 masques et d’un litre de gel hydroalcoolique à chaque famille suivie par Taramana a également eu lieu ce mois-ci. Côté santé, l’association fournit toujours régulièrement les médicaments aux habitants souffrant de maladies chroniques. De plus, le Dr Jocelyn Dordé, président de Taramana, Visal, notre infirmier, ainsi que Dararith, notre assistant social, restent à la disposition des familles en cas d’urgence ou de demande particulière.
Seule bonne nouvelle, environ 300 000 doses de vaccin sont arrivées au Cambodge début mars et les vaccinations ont débuté. Les professionnels de santé sont les premiers bénéficiaires. Pourvu que la situation s’améliore dans les semaines et mois à venir !